La spécificité de mon parcours universitaire repose sur un positionnement à l’intersection des Sciences de l’Information et de la Communication et des Sciences et l’Education. Ancré dans la discipline des Sciences de l’Information et de la Communication, j’ai, dès mes premiers travaux de recherche, porté mon attention sur les enjeux éducatifs liés aux moyens de communication et d’information. La façon dont le rapport au savoir est médiatisé et structuré m’apparaît en effet à la fois révélatrice sur le plan communicationnel et capitale sur le plan éducatif.
Le lien entre recherche et enseignement
Mes premières expériences professionnelles m’ont sensibilisé à ces enjeux croisés, notamment dans les rôles d’enseignant, de documentaliste ou encore de formateur que j’ai pu exercer. Cela m’a ainsi encouragé à interroger directement cette intersection dans la recherche doctorale que j’ai mené sur les produits et services documentaires édités par le CRDP de Charentes-Poitou. Cette recherche ciblait les enjeux et les processus de généralisation de la plate-forme documentaire nationale de référence dans le champ éducatif, ceci à travers l’analyse des discours de ses promoteurs et des stratégies institutionnelles en jeu dans leur expérimentation. Mon hypothèse principale était que la véritable innovation portée par cet outil résidait dans le processus d’industrialisation de la documentation piloté par une ingénierie centralisée et conduisant à la mise en cohérence des différents éléments d’un système de reproduction et de massification des produits documentaires. Il m’est apparu que cette industrialisation tendait à s’inscrire dans des dynamiques globales de structuration des sphères du savoir, impulsées par des logiques territoriales et sociétales pas toujours convergentes.
Depuis cette thèse, et de façon particulièrement affirmée depuis 2008, mes recherches ont confirmé cette orientation, en l’enrichissant de cet aspect croisé évoqué plus haut, c’est-à-dire des enjeux éducatifs. En effet, le phénomène du numérique, l’importance prise dans la vie des jeunes générations par de nouveaux objets, de nouveaux dispositifs et de nouvelles pratiques conduit à considérer non plus la dimension fonctionnelle des outils mais leur impact en éducation. Autrement dit, il ne s’agit plus seulement de comprendre le rôle de tel ou tel moyen d’information et de communication, mais d’évaluer les problèmes posés par la prégnance de ces mêmes moyens souvent en concurrence des dispositifs de médiations institutionnels comme ceux proposés à l’école. Le paradoxe est alors que le terrain d’observation de cette évolution est essentiellement extérieur aux institutions – dans des pratiques privés, dans des usages générationnels et individuels -, et que c’est dans ce champ que se posent des problèmes éducatifs des plus aigus.
Une série de thèmes de recherche en découle :
- cyberdépendance ou encore netaholisme,
- rapport au virtuel, rapport au réel, (dans sa complexité « Deleuzienne »)
- culture et pratiques des « digital natives »,
- dématérialisation des contenus et fragilisation de la propriété, social engineering.
- mésusages des technologies numériques, cybercriminalité juvénile,
- cybersexualité.