Nouvelles technologies, nouvelles psychologies ? Éduquer, soigner, abuser aujourd’hui.
Colloque international – EA 4050 Recherches en psychopathologie : nouveaux symptômes et lien social Équipe Recherches en clinique psychanalytique, processus psychiques, et esthétique
Angers-UCO, 15-16-17 novembre 2017
AXE 5- Cybercriminalité : sexualité, escroqueries à l’amour, escroqueries financières, impostures.
La figure du « hacker » chez les jeunes : du délinquant numérique au héro post-moderne ?
Est-il révolu le temps ou escalader un immeuble en projetant de la toile ou en volant avec une cape suffisait à faire rêver notre jeunesse ? Le héro du 21ème siècle semble en effet s’affranchir des super-pouvoirs spectaculaires de ses ainés… pour s’installer confortablement devant un clavier d’ordinateur ! Ils sont légions de nos jours, au sein des séries télévisés, ces jeunes « hackers » qui émerveillent nos enfants en déverrouillant les systèmes de sécurité les plus évolués, une image ardemment relayée par les plus grands blockbusters cinématographiques. Le plus souvent représentés par les médias comme des « experts du numérique », ils n’apparaitraient donc pas comme des criminels numériques, mais plutôt comme des individus capables d’échapper aux règles dictées par une société digitale globale, jugée comme oppressante et liberticide. Pratiquées par un grand nombre de nos collégiens, lycéens ou étudiants, certaines actions illicites – comme « usurper un compte Facebook » ou « pirater un logiciel » – ne tendraient-elles pas à se « banaliser », sous le prisme de cette engouement médiatique pour le hacker et ses exploits ?
Une enquête menée auprès d’un corpus de collégiens permettra de recueillir les données nécessaires à l’évaluation, la quantification et l’analyse de la question de la précocité de cette cyber-délinquance juvénile. Cette recherche se propose de tenter d’identifier les mécanismes de construction du « social engineering » (le « piratage ordinaire »), comme un nouveau modèle socio-culturel où la gratuité reposerait le plus souvent sur l’acquisition et la libre circulation de contenus numériques illégaux. Nous pourrons également questionner le rapport à la transgression existant (ou non) au sein de ces processus. Plus inquiétant certainement, cette médiatisation « positive » du piratage ne risque-t-elle pas de générer un certain attrait chez les jeunes pour le territoire informel du « Darknet », cette portion difficilement contrôlable de l’internet, qui regorge de contenus dangereux liés au trafic d’armes, de drogues ou de faux-papiers ?
Dès lors, ne faudrait-t-il pas envisager de former a minima les acteurs de notre système éducatif aux rudiments de la sécurité informatique, autant qu’aux règles éthiques de la citoyenneté numérique ?
STEPHANE BLOCQUAUX
- Équipe de recherche LICIA [Langages, Interactions Culturelles, Identités et Apprentissages] – UCO – Angers
- Chercheur au LAMPA [Laboratoire Arts et Métiers ParisTech Angers, Equipe de recherche « Présence et Innovation » – EA1427]